Project Description

L’Ostéopathie des Ruminants, un champ d’application émergent et essentiel

Une nouvelle réponse aux enjeux de l’élevage

L’élevage moderne (bovins, caprins, ovins) est à la croisée des chemins. Il doit concilier la performance économique, une demande sociétale croissante pour le bien-être animal et la nécessité de pratiques sanitaires durables.

Dans ce contexte, l’ostéopathie animale apparaît comme une réponse pertinente et moderne. Elle propose une approche de la santé globale, non médicamenteuse, centrée sur la prévention et l’optimisation des fonctions physiologiques de l’animal. C’est un champ d’application exigeant et en plein développement.

Une logique biomécanique validée par la pratique

Même si le champ de la recherche académique est en construction, l’application de l’ostéopathie en élevage repose sur des justifications biomécaniques et physiologiques dont l’intérêt est de plus en plus documenté. Le principe ostéopathique « structure-fonction » y est particulièrement concret :

  • Prévention et Fertilité : Un vêlage difficile (dystocie) est un traumatisme majeur pour le bassin et la colonne vertébrale, pouvant causer des dysfonctions ostéopathiques [1]. L’ostéopathie préventive montre ici un intérêt notable. Une thèse vétérinaire de 2013 a démontré qu’un soin sur des génisses en fin de gestation divise par quatre le taux de vêlages difficiles (8,11 % dans le lot traité contre 32,50 % en lot témoin), un résultat statistiquement significatif [2]. Cela réduit la mortinatalité et le recours au vétérinaire lors de la mise-bas [2]. En curatif, sur les troubles de fertilité, l’ostéopathie cible les dysfonctions du bassin, des ovaires ou du rachis lombaire [1]. Une enquête menée auprès de vétérinaires praticiens estime le taux de réussite à la première insémination artificielle (IA) après traitement ostéopathique à 48% en moyenne, une amélioration notable par rapport aux standards d’élevage [1].
  • Production et Locomotion : La santé d’un ruminant dépend de sa capacité à se déplacer (pour pâturer) et de sa fonction digestive. Lors du syndrome de la « vache couchée » (downer cow), où l’allopathie seule montre parfois ses limites, l’ostéopathie peut être décisive pour lever les blocages musculo-squelettiques [3]. En redonnant de la mobilité aux structures, elle libère les tensions et relance la vascularisation et l’innervation [3]. Les résultats sont concrets : 61 à 70 % des vaches traitées par ostéopathie se relèvent [3]. Au-delà du simple relever, l’approche globale rend l’animal « plus combatif » : il se nourrit et s’hydrate davantage, favorisant son rétablissement global [3].

Un domaine pionnier : L’enjeu de la recherche et de la formation

Le domaine est « naissant » et les preuves scientifiques, bien que croissantes, sont encore en cours de consolidation. Pourquoi est-ce une information cruciale pour un futur étudiant ?

  1. L’importance d’une formation fondamentale solide : Puisque les protocoles ne sont pas encore tous standardisés, le praticien doit être capable d’extrapoler ses connaissances et d’appliquer les principes ostéopathiques fondamentaux (biomécanique, neurologie, physiologie) à l’anatomie spécifique du ruminant. Cela exige une formation initiale d’une grande rigueur.
  2. Un appel à la rigueur : Le monde vétérinaire lui-même s’intéresse au sujet, comme le prouvent les nombreuses thèses d’exercice qui y sont consacrées [1, 2, 3]. Cependant, ces travaux soulignent eux-mêmes le besoin d’études plus approfondies pour confirmer le « potentiel » observé [1].
  3. Une opportunité d’avenir : Les futurs praticiens qualifiés auront la responsabilité et l’opportunité de participer au développement de cette discipline, de développer les standards de pratique et de contribuer activement à la recherche.

L’impact concret : Un partenaire de l’élevage

L’atout majeur de l’ostéopathie en élevage de rente réside dans son aspect non médicamenteux. Comme le souligne une thèse vétérinaire, cet aspect est « particulièrement intéressant pour réduire l’usage des médicaments » chez les animaux d’élevage, n’entraînant « aucun temps d’attente pour la production » (lait ou viande) et donc « moins de pertes économiques » pour l’éleveur [3].

L’ostéopathe n’est pas un concurrent du vétérinaire ; il est un partenaire dans la gestion globale de la santé du troupeau. Il agit en synergie avec les soins allopathiques et le travail de l’éleveur [4], en parfaite adéquation avec les attentes modernes de l’agriculture durable.


Références

[1] Guguen CM. Apport de l’ostéopathie en médecine vétérinaire et plus spécifiquement lors d’infertilité chez les femelles reproductrices en élevage bovin [Thèse de médecine vétérinaire]. Nantes (France): ONIRIS – ECOLE DE MÉDECINE VÉTÉRINAIRE; 2020.

[2] Arrosères M. Un soin ostéopathique sur des génisses dans le dernier mois de gestation: a-t-il une incidence sur la qualité du péripartum, la fécondité et la santé du veau? [Thèse de médecine vétérinaire]. Toulouse (France): ECOLE NATIONALE VETERINAIRE DE TOULOUSE; 2013.

[3] Macé S. Ostéopathie bovine: étude de la population praticienne et intérêt dans le traitement de la vache couchée [Thèse de médecine vétérinaire]. Lyon (France): CAMPUS VETERINAIRE DE LYON; 2022.

[4] Gras Y. Gestion de la vache couchée. Un exemple de la synergie entre médecine allopathique et ostéopathique? [Mémoire pour l’obtention du DIE d’Ostéopathie Vétérinaire]. IMAOV; 2015.

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